19/03/2025 16:47
Retraites: la CFDT acte un "contrat rompu" et veut revoir les règles du conclave

La responsable du syndicat CFDT Marylise Léon s'adresse à la presse à son arrivée pour une réunion avec le Premier ministre français et les syndicats au ministère du Travail, à Paris, le 17 janvier 2025
Continuer à débattre des retraites, même si l'option d'un retour à 62 ans a été écartée par Matignon ? La CFDT le veut mais en redéfinissant les "règles" du "conclave" quand la CGT pourrait, après FO, claquer la porte mercredi.
Face à un Premier ministre qui a "rompu le contrat", et "change les règles du jeu", la CFDT "ira" jeudi à la prochaine séance de négociations pour "dire on arrête le conclave retraites tel qu'il existe là, tel qu'il a démarré".
Sa numéro un Marylise Léon, offensive mercredi matin sur BFMTV/RMC au lendemain d'une rencontre avec François Bayrou à Matignon, a précisé qu'elle "s'affranchit" désormais "de la lettre de cadrage" du gouvernement et entend négocier "avec ceux qui ont envie vraiment de travailler" pour ouvrir "un autre" conclave.
"On a un gouvernement qui change les règles du jeu, des organisations qui décident de partir et un patronat qui reste mais qui boude dans son coin et qui ne fait aucune proposition", a déploré la responsable du premier syndicat français, avec le sentiment d'être "un peu la seule adulte dans la pièce".

Le Premier ministre Francois Bayrou, à la séance de questions à l'Assemblée nationale, le 18 mars 2025 à Paris
"Nous, on veut discuter de l'âge, l'âge de départ. C'est le cœur du réacteur", a-t-elle souligné, sans exiger pour autant un retour à 62 ans pour tous les travailleurs.
"Les règles ne changent absolument pas" mais les partenaires sociaux sont libres d'"élargir l'ordre du jour", a assuré dans l'après-midi à l'Assemblée nationale la ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet.
Devant le Sénat, elle a ajouté que la discussion doit "aller à son terme", "pour d'abord rétablir l'équilibre et aussi pour corriger" certaines choses, notamment "la pénibilité" et "les carrières des femmes".
Egalement devant la chambre haute, François Bayrou a assuré ne s'être "jamais (...) immiscé" dans le débat des partenaires sociaux.
- "nouvelle réforme" -
Le chef du gouvernement avait confirmé mardi à l'Assemblée nationale qu'il ne jugeait "pas possible" d'abroger la mesure phare de la réforme des retraites de 2023, qui décale progressivement l'âge de départ à 64 ans.
Conséquence, le conclave qu'il a annoncé en janvier pour éviter une censure de son gouvernement vacille, alors que les chaises de trois organisations sur huit pourraient rester vides jeudi.
Force ouvrière avait claqué la porte dès la première séance le 27 février, jugeant que la concertation tournait à la "mascarade" après l'exigence de François Bayrou de rétablir l'équilibre financier du système de retraites en 2030, soit 6,6 milliards d'économies supplémentaires à trouver par rapport à ce qui avait été demandé aux partenaires sociaux en janvier.
Face au refus d'envisager un retour aux 62 ans, la direction de la CGT propose à ses instances de quitter également les négociations. Le syndicat estime que "ce durcissement des positions, sur injonction du Medef, est inacceptable et verrouille le cadre des concertations".
La décision pourrait être officialisée mercredi en fin de journée après consultation du Comité confédéral national, le "parlement" de la CGT. Le syndicat boycottait déjà les discussions sur les retraites des fonctionnaires mercredi, comme FO et Solidaires.

Retraites: un retour aux 62 ans n'est "pas possible" (Bayrou)
Sur des positions diamétralement opposées à celles des syndicats, la plus petite des trois organisations patronales, l'U2P (artisans, commerçants et professions libérales) a aussi quitté le "conclave" mardi, qualifiant ces négociations de "jeu de dupes".
Cette organisation estime que l'équilibre du régime des retraites "imposera de repousser l'âge légal de départ au-delà de 64 ans", sauf pour les métiers difficiles.
Le Medef, première organisation patronale, a dit mercredi par la voix de son président Patrick Martin vouloir "laisser sa chance" à la discussion et continuer à y participer, à condition que chacun cesse de "jouer à cache-cache" et "abatte ses cartes".
Mais il a aussi estimé que" tous les partenaires sociaux, les politiques a fortiori, doivent prendre en compte cette situation des finances publiques qui devient critique".
Selon un sondage Elabe pour BFMTV publié mercredi, 72% des Français jugent qu'il faut "une nouvelle réforme des retraites", dont 45% urgemment. Ils sont 56% à souhaiter revenir à un âge de départ à 62 ans, un pourcentage en baisse de 6 points depuis le 8 janvier.
© 2025 AFP-Paris (AFP)