17/04/2025 15:16
LVMH espère un accord sur les droits de douane et veut rassurer sur la succession du PDG

Bernard Arnault, PDG du conglomérat de luxe LVMH, lors de la présentation des résultats financiers 2024 du groupe LVMH dans le cadre d'une assemblée générale des actionnaires à Paris le 17 avril 2025
Le numéro un mondial du luxe LVMH a tenu jeudi son assemblée générale dans un contexte délicat au moment où ses ventes fléchissent, en espérant un accord sur les droits de douane et en tenant à rassurer sur la succession de Bernard Arnault.
"L'année 2025 commence de manière un peu chahutée, si on peut dire", a déclaré le PDG du groupe Bernard Arnault.
"Jusque fin février, tout s'est passé très bien. Puis on est arrivé en face d'une situation géopolitique et économique mondiale qui a été bouleversée par les droits de douane potentiels, par l'aggravation des crises internationales", selon lui.
Le numéro un du luxe avait annoncé mardi des ventes en recul de 2% au premier trimestre à à 20,3 milliards d'euros. "Notre situation est loin d'être préoccupante", a relativisé Bernard Arnault face aux actionnaires.
"L'objectif, c'est d'offrir la meilleure qualité. Et après, la croissance, ça suit plus ou moins vite et plus on est gros, plus c'est difficile", a-t-il relevé, "ou alors il faut accepter de banaliser les choses, ce qu'on refuse catégoriquement, notamment pour nos deux principales marques" Louis Vuitton et Dior, a-t-il ajouté.
"Peut être qu'on fera un petit peu moins de croissance", a-t-il souligné, ajoutant: "ça ne me dérange pas du tout".
Le secteur du luxe comptait sur le marché américain pour contrebalancer le ralentissement des ventes en Chine, mais doit désormais faire face aux nouveaux droits de douane annoncés par Donald Trump.
Bernard Arnault, dont le groupe réalise 25% de ses ventes aux États-Unis, a appelé les dirigeants européens à régler "à l'amiable" les tensions commerciales entre l'Union européenne et les États-Unis, se disant même "favorable" à "une zone de libre-échange" entre les deux puissances économiques.
"Ces négociations sont vitales pour beaucoup d'entreprises en France et malheureusement, j'ai l'impression que nos amis britanniques sont plus concrets dans l'avancée des négociations", a déploré le PDG en marge de l'assemblée générale.
- "Des plans de succession existent" -
"Il faut absolument trouver un accord, comme les dirigeants de Bruxelles semblent essayer d'en trouver un pour la voiture allemande. Pour la viticulture française, c'est vital", a-t-il insisté. LVMH réalise 34% des ventes des ses vins et spiritueux (Dom Pérignon, Hennessy, Krug...) aux États-Unis.

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Si jamais ces négociations n'aboutissaient pas et que qu'"on se retrouve avec des droits de douane élevés, (...) on sera amené à augmenter nos productions américaines", a précisé M. Arnault dont le groupe possède déjà trois ateliers Louis Vuitton et quatre ateliers de la marque américaine Tiffany aux États-Unis.
"Il ne faudra pas dire que c'est de la faute des entreprises. Ce sera la faute de Bruxelles si cela devait arriver", a estimé l'homme d'affaires, qui a assisté aux premières loges à l'investiture de Donald Trump en janvier.
Si la modification des statuts du groupe "afin d'harmoniser les limites d’âge du président du conseil d'administration et du directeur général" pour les porter à 85 ans a été plébicitée (à 99,18%), la question de la succession a été posée par des actionnaires.
"Des plans de succession existent", a répondu Stéphane Bianchi, directeur général adjoint du groupe. "Les dits plans n'ont pas vocation à être révélés publiquement. Mais bien évidemment, ils existent tant dans des hypothèses de moyen terme qu'en cas d'événements soudains", a-t-il ajouté.
Il a souligné que "le conseil d'administration, et plus spécifiquement le comité durabilité et gouvernance (...) composé exclusivement d'administrateurs indépendants, débat tous les ans des plans de succession des dirigeants, y compris des mandataires sociaux".
Stéphane Bianchi a en outre rappelé que la société Agache, holding de la famille Arnault, "a été transformée en 2022 en sociétés en commandite par actions afin de pérenniser le contrôle familial du groupe et la vision à long terme".
"Cette structure édicte des règles précises qui permettront de s'assurer à l'avenir d'un vote unique de l'actionnaire de contrôle sur tous les sujets relevant de sa compétence", a-t-il ajouté.
Bernard Arnault n'a pas nommé de successeur à ce jour, mais ses cinq enfants travaillent tous pour le groupe et quatre d'entre eux sont au conseil d'administration. Fin 2024 la famille Arnault possédait 49% du capital de LVMH et 64,81% des votes.
© 2025 AFP-Paris (AFP)