24/04/2025 16:10

Missions du FMI: Bessent a "soulevé des points importants", estime la directrice générale du FMI

La directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, en conférence de presse à Washington le 24 avril 2025

Le secrétaire américain au Trésor Scott Bessent a "soulevé des points importants" en appelant le FMI à se reconcentrer sur ses missions, a affirmé jeudi la directrice générale du Fonds, Kristalina Georgieva, qui "espère pouvoir en discuter prochainement avec lui".

"Les Etats-Unis sont notre principal actionnaire, nous prenons bien sûr avec beaucoup de considération sa parole, et j'ai beaucoup apprécié la volonté du ministre de maintenir les engagements américains et son rôle", a ajouté Mme Georgieva lors d'une conférence de presse au siège du Fonds monétaire international (FMI).

La veille, lors d'un événement en marge des réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale (BM) qui se tiennent jusqu'à vendredi, M. Bessent avait appelé les deux institutions à "se concentrer sur les besoins" des Etats membres.

"La stabilité et la croissance doivent être les points cardinaux du succès du FMI", a souligné M. Bessent, estimant que l'institution "emploie une part disproportionnée de son temps et de ses ressources à travailler sur le réchauffement climatique, le genre ou les questions sociales", des sujets "qui ne sont pas les missions du FMI".

"Nous avons 191 Etats membres, avec différents types de risques et que nous devons aider à être plus résistants face aux chocs", a répondu jeudi Mme Georgieva.

"Dans le cas, par exemple, des pays caribéens, frappés de manière régulière par des événements climatiques extrêmes, c'est une préoccupation pour eux. Et s'ils nous demandent comment être plus résistants face à ces chocs, une fois de plus, d'un point de vue financier", l'institution doit être en mesure de les aider, a détaillé la directrice générale du Fonds.

Si elle se dit "d'accord" avec M. Bessent, Mme Georgieva a également rappelé que "c'est un monde complexe, avec sans arrêt des défis gigantesques. Et nous sommes une petite institution, notre budget, en valeur réelle, n'a pas bougé depuis 20 ans".

Interrogée en particulier sur le Fonds pour la soutenabilité et la résilience, l'instrument employé par le FMI pour prêter à plus long terme aux Etats afin de les aider à financer des politiques d'adaptation et de réduction des risques liés au réchauffement climatique, Mme Georgieva a assuré qu'il ne représentait "qu'une petite part" de l'ensemble des engagements du Fonds.

- "L'incertitude" inquiète les membres -

"Nous ne sommes pas des experts du climat", a-t-elle souligné, "mais nous devons aider nos membres touchés par des événements climatiques à s'assurer que cela n'entraînera pas de choc de la balance des paiements et réduire les dommages sur l'économie".

Le secrétaire américain au Trésor Scott Bessent, lors d'un événement à Washington le 23 avril 2025

"Nous ne faisons que ce que les Etats membres nous disent de faire", a insisté la patronne du Fonds.

Revenant par ailleurs sur les conséquences de la hausse des droits de douane imposés par le président américain Donald Trump, Mme Georgieva a souligné que "ce qui inquiète le plus nos membres, c'est l'incertitude" qui en découle, avec des décisions qui peuvent évoluer parfois le jour même.

"Je dois insister: l'incertitude est mauvaise pour les affaires. Le plus tôt ce nuage qui gronde au-dessus de nouveau disparait, le mieux ce sera pour les perspectives de croissance et pour l'économie mondiale", a déclaré Kristalina Georgieva.

L'impact des droits de douane et de l'indécision américaine est cependant variable d'une région à l'autre, comme l'a souligné le rapport sur l'économie mondiale (WEO) actualisé mardi, qui a pointé une exposition plus marquée du Canada et du Mexique mais aussi des pays asiatiques que de l'Europe.

"Je suis en particulier inquiète pour les pays de l'ASEAN (l'Association des nations d'Asie du Sud-est, NDLR) car leurs économies sont très ouvertes et ils se retrouvent dans une situation difficile, du fait des droits de douane assez importants qui devraient leur être imposé".

Avant de ramener pour 90% l'ensemble des droits de douane à 10%, Donald Trump avait en effet particulièrement ciblé les pays de la région dans ses droits de douane dits "réciproques", avec jusque 48% imposés sur les produits vietnamiens par exemple.

© 2025 AFP-Washington (AFP)

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