07/01/2025 23:30

Budget, social: le gouvernement ouvre le dialogue, pas de "tabou" de Bayrou sur les retraites

Le Premier ministre François Bayrou à Paris le 3 janvier 2025

Les partenaires sociaux à Matignon, les groupes parlementaires chez les ministres en charge du budget de l’État et de la Sécurité sociale: le gouvernement a affiché sa volonté de dialogue en démarrant une série de rendez-vous, le Premier ministre affirmant être "sans tabou" sur les retraites.

A la numéro un de la CFDT Marylise Léon, reçue en fin d'après-midi, François Bayrou a assuré n'avoir "aucun tabou" sur tous les sujets liés aux retraites", "y compris sur l'âge légal", selon la responsable syndicale.

Pour le premier syndicat, ce sujet "doit être rouvert avec tout ce qui peut être possible et imaginable en matière de financement".

Reçu avant elle, le président du Medef Patrick Martin a lui dit vouloir élargir la discussion sur les retraites au "financement de la protection sociale" par de la "capitalisation" ou de la "fiscalité".

Le président de la CPME François Asselin a souligné qu'il ne fallait pas "faire miroiter aux Français des promesses qu'on ne pourra jamais tenir", faute de financement, et suggéré de concentrer les améliorations sur les métiers engendrant de l'usure professionnelle.

Les rencontres avec les autres organisations se poursuivront jusqu'à lundi, à la veille du discours de politique générale du Premier ministre devant l'Assemblée nationale.

Matignon avait indiqué que les échanges porteraient sur "l'actualité sociale" y compris "ce que le Premier ministre a mis sur la table" sur les retraites, mais ni Marylise Léon ni Patrick Martin n'ont apporté de précision sur ses intentions.

François Bayrou avait proposé en décembre aux forces politiques de rouvrir une discussion, pendant neuf mois, sur la réforme controversée des retraites de 2023, sans la suspendre. Il avait affirmé croire qu'il pouvait y avoir une autre solution pour leur financement que le report de l'âge de 62 à 64 ans, évoquant un système "à points".

- "Méthode horizontale" -

En prônant, selon Matignon, sa "méthode très horizontale", il semble inscrire ses pas dans ceux de son prédécesseur, en matière de dialogue social. Mme Léon a estimé qu'il a fait preuve d'un "niveau d'écoute semblable" à Michel Barnier.

Le maintien à son poste de la ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet, désormais sous la tutelle de Catherine Vautrin, accrédite l'idée d'une continuité.

De quoi quelque peu rassurer des partenaires sociaux qui, unanimes à l'exception de la CGT, avaient alerté le 17 décembre sur "l'instabilité dans laquelle a basculé notre pays", qui fait "peser le risque d'une crise économique aux conséquences sociales dramatiques".

Éviter "l'instabilité" et le spectre d'une nouvelle censure, c'est l'objectif des rencontres entre les ministres en charge du budget de l’État et de la Sécurité sociale et les groupes parlementaires.

Le président du Medef Patrick Martin arrive à Matignon

Les socialistes, qui ont agité la menace d'une censure s'ils n'obtenaient pas des "concessions remarquables" du gouvernement, ont été reçu pendant deux heures par cinq ministres.

A l'issue, le chef du groupe socialiste à l'Assemblée nationale Boris Vallaud a émis le souhait de pouvoir "construire la stabilité, dans la justice, avec des mesures utiles à la vie quotidienne des Français".

Son homologue au Sénat Patrick Kanner a toutefois ajouté qu'il "n'y aura(it) pas de stabilité avec les politiques publiques menées jusqu'à maintenant", réclamant "des infléchissements".

- "Dialogue fécond"? -

Avant de rencontrer les socialistes, le ministre de l'Economie Éric Lombard avait jugé qu'il y avait "plus de perspectives d'un dialogue fécond" avec les partis de gauche qu'avec le Rassemblement national, s'attirant les foudres de Marine Le Pen.

Méthode, calendrier, mesures de fond: la ministre de la Santé et du Travail Catherine Vautrin a promis d'"examiner ensemble les points essentiels du texte de projet de loi de financement de la Sécurité sociale tel qu'il a été discuté par le Parlement à l'automne".

Début décembre, le gouvernement Barnier était tombé après l'adoption d'une motion de censure déposée par la gauche après déclenchement par le Premier ministre de l'article 49.3 sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale.

"Nous, on repart des dernières propositions qu'on avait faites sur le PLFSS au moment de la commission mixte paritaire (CMP)", a averti le député PS Jérôme Guedj auprès de l'AFP.

"La sécurité sociale a un problème essentiellement de recettes. On a décidé d'une dépense nécessaire, l'augmentation de la rémunération des soignants, sans dégager de ressources pour financer cette dépense nouvelle. Aujourd'hui ça coute 14 milliards, le Ségur. Donc, c'est d'une conférence de financement de la sécu dont on a besoin, avec des recettes nouvelles", selon l'élu de l'Essonne.

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© 2025 AFP-Paris (AFP)

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