22/01/2025 10:50
Levée de boucliers contre l'idée d'une taxation de certains retraités
La ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet à Paris, le 15 janvier 2025
Le Rassemblement national et la France insoumise ont tous deux fait part mercredi de leur franche opposition à la proposition de la ministre du Travail de mettre à contribution certains retraités pour financer la Sécurité sociale, une idée également critiquée par des soutiens du gouvernement.
"Taxer des retraités qui ont 2.000 euros de retraite" est "totalement scandaleux", a estimé le vice-président du RN Sébastien Chenu. "S'il y a ça dans le budget (...) je suis favorable à ce qu'on ne laisse pas passer", a-t-il prévenu sur TF1, en suggérant que ce serait un motif de censure du gouvernement.
La ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet, a proposé mardi de faire contribuer certains retraités au financement de la protection sociale.
Cette contribution pourrait porter "sur les personnes retraitées qui peuvent se le permettre", a avancé la ministre, en précisant que "ça peut être 40%" des retraités "en fonction du niveau de pension". A Matignon, on souligne que la proposition de Mme Panosyan-Bouvet est "une position personnelle".
Le vice-président du RN Sébastien Chenu, le 14 janvier 2025 à l'Assemblée nationale, à Paris
Pour M. Chenu, ce sujet est "en train de s'ériger en ligne rouge", considérant qu'une taxation serait équivalente à une "spoliation" du "fruit du travail" des retraités.
La volonté de Michel Barnier de mettre en cause l'indexation générale des retraites sur l'inflation au 1er janvier avait été avancée pour le RN pour justifier la censure qui a fait tomber le gouvernement.
Même position à l'autre bout de l'échiquier politique. "Je trouve ça scandaleux d'un point de vue démocratique", a réagi le coordinateur de LFI Manuel Bompard sur BFMTV.
Si LFI est favorable à "une réforme fiscale pour que les hautes fortunes contribuent davantage", "essayer de faire croire que c'est une mesure de justice fiscale d'aller s'en prendre aux retraités qui gagnent 2.000 euros par mois, ça me paraît vraiment très malhonnête", a-t-il jugé.
Le coordinateur de LFI Manuel Bompard à l'Assemblée nationale, le 24 octobre 2024 à Paris
La proposition de Mme Panosyan-Bouvet a suscité également une vive opposition chez des soutiens du gouvernement.
Le vice-président d'Horizons Christian Estrosi l'a jugé "inadmissible" sur RTL.
"Pour tous les retraités, c'est la même règle. Parce que si on commence à toucher à un niveau de retraite, la porte est ouverte et petit à petit on va en abuser et aller vers les pensionnés les plus faibles", a jugé le maire de Nice, ville prisée de nombreux retraités.
"Lorsque j'étais parlementaire, j'ai déposé une proposition de loi pour dire que le jour où on prend sa retraite, on ne pourra plus jamais vous accorder une pension qui soit inférieure à la première retraite que vous allez toucher", a-t-il ajouté.
La proposition a été en revanche défendue par le patron du Medef Patrick Martin car selon lui "tout le monde doit participer à l'effort de guerre" pour réduire les déficits.
© 2025 AFP-Paris (AFP)