30/01/2025 14:50
Nestlé Waters n'échappe pas à un procès pour ses décharges sauvages
Nestlé Waters n'échappe pas à un procès pour ses décharges sauvages
Un dossier judiciaire de plus pour Nestlé Waters: après avoir évité un procès dans l'affaire des traitements illégaux de ses eaux minérales, la société est cette fois convoquée au tribunal pour des décharges sauvages de déchets polluants dans les Vosges.
Nestlé Waters est poursuivi pour avoir stocké des déchets et maintenu quatre décharges sauvages à Contrexéville, They-sous-Montfort, Saint-Ouen-Les-Parey et Crainvilliers, représentant un volume cumulé de 473.700 mètres cubes, l'équivalent de 126 piscines olympiques.
Le procès, décidé à l'issue d'une enquête du pôle régional environnement du parquet de Nancy, se tiendra du 26 au 28 mai.
Sur ces décharges, les enquêteurs ont retrouvé des déchets sous forme de "bouteilles d'eau, de verre, de polymères", mais aussi des "déchets de démolition" et des "carcasses de véhicule, encombrants", ou encore des "capsules en plastiques".
Le maintien de ces décharges a provoqué une "atteinte grave à la santé des personnes" et une "dégradation substantielle de l'environnement", note le tribunal dans son avis d'audience consulté par l'AFP.
Nestlé est aussi poursuivi pour avoir, autour de ces décharges, "laissé s'écouler dans les eaux superficielles et souterraines" des "particules de microplastiques" à des concentrations "rendant toute vie aquatique impossible et ayant des effets nuisibles sur la santé, la flore et la faune".
De son côté, l'entreprise assure que ces décharges "datent des années 60, avant que Nestlé Waters ne devienne propriétaire" des terrains.
"Aujourd'hui, la majorité des sites ont déjà été nettoyés par Nestlé Waters et nous attendons le retour des autorités environnementales pour préciser la meilleure option de gestion pour des sites restants", assure la société dans un message à l'AFP. "Aucun dépôt de déchets n'a été réalisé par Nestlé Waters entre 2021 et 2024."
- "Enfin un procès !" -
"Enfin un procès ! On attendait un procès sur les traitements illicites, procès que nous n'avons jamais eu. C'est essentiel qu'il y ait un procès pour les décharges, c'est une affaire grave de pollution", a réagi auprès de l'AFP Bernard Schmitt, porte-parole du collectif Eau 88 et président de Vosges Nature Environnement, qui avait déposé plainte.
"Nous serons très exigeants. Nous demandons l'évacuation de ces décharges plastiques, même si c'est compliqué, et même si c'est très cher", a-t-il ajouté, évoquant un procès "historique".
En septembre, la multinationale avait signé avec le parquet d'Epinal une convention judiciaire d'intérêt public (CJIP) et accepté de payer une amende de 2 millions d'euros dans deux affaires : l'une pour des forages illégaux, l'autre pour des systèmes de désinfection interdits de ses eaux minérales. Elle avait ainsi pu échapper à des procès.
Contestant la conclusion de ces conventions, les associations Foodwatch et CLCV ont déposé de nouvelles plaintes, pour obtenir qu'un juge d'instruction se penche sur les pratiques de certains minéraliers, dont Nestlé, concernant le traitement de leurs eaux en bouteilles.
En septembre 2022, Nestlé avait déjà signé une autre CJIP avec le procureur de Charleville-Mezières, après la pollution en 2020 de la rivière Aisne, causant la mort d'environ six tonnes de poissons. L'entreprise avait accepté une amende de 40.000 euros pour clore le dossier.
L'association AC Anti-Corruption, qui avait porté plainte contre X après la révélation de l'existence de ces décharges par les journalistes Alexander Abdelilah et Robert Schmidt, du collectif We Report, s'est également réjoui de la tenue de ce procès.
- "Montagne" de déchets -
"Cela fait plus de trois ans que nous attendions ce résultat avec notre avocat Maître Vincent Poudampa", a déclaré à l'AFP son président Marcel Claude.
A They-sous-Monfort, où la décharge sauvage fait de plus 100.000 mètres cubes selon le parquet, "on a l'impression d'avoir une montagne au bord de la route, dans la forêt. Il y a plein de plastique qui en sort", témoigne Bernard Schmitt.
A Saint-Ouen-Lès-Parey au contraire, la décharge, de 27.000 mètres cubes, située sur un terrain privée, "est complètement enterrée et nivelée", précise-t-il.
Pour avoir creusé un trou, ensuite rebouché, afin de révéler l'existence de cette décharge, le responsable associatif a été visé par une enquête préliminaire. "Je ne sais pas si elle est classée. C'est clairement une démarche d'intimidation, avec prélèvement d'ADN, etc, pour culpabiliser les lanceurs d'alerte", dénonce-t-il.
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