24/06/2025 15:12

Soupçons de blanchiment de fraude fiscale: la Société Générale perquisitionnée à la Défense et au Luxembourg

Les bureaux de la Société Générale à la Défense près de Paris et au Luxembourg sont en cours de perquisition mardi dans le cadre d'une enquête du Parquet national financier

Les bureaux de la Société Générale à la Défense près de Paris et au Luxembourg sont en cours de perquisition mardi dans le cadre d'une enquête du Parquet national financier, qui soupçonne la banque d'avoir proposé des montages fiscaux frauduleux à de grandes entreprises françaises.

Quatre personnes, dont des cadres de la banque, ont également été placées en garde à vue et leurs domiciles perquisitionnés, a indiqué une source judiciaire, confirmant des informations du Monde.

Ces opérations s'inscrivent dans le cadre d'une enquête préliminaire ouverte en janvier 2024 par le Parquet national financier (PNF), qui cherche à vérifier si "un service" de la banque a pu "proposer et réaliser des montages à but essentiellement fiscal au profit de grandes entreprises françaises", a précisé la source judiciaire.

Confiée à l'Office national antifraude (Onaf), l'enquête vise plusieurs infractions dont blanchiment de fraude fiscale, blanchiment de fraude fiscale en bande organisée ou aggravée et association de malfaiteurs, selon la même source.

Les faits "sont susceptibles d'avoir été commis depuis 2009 en France et à l'étranger, notamment au Luxembourg", a indiqué cette source, en expliquant que cette procédure est distincte des enquêtes portant sur un stratagème d'évasion fiscale appelé CumCum, reposant sur des échanges de titres.

Les opérations de mardi mobilisent 80 enquêteurs en France et à l'étranger ainsi que onze magistrats et assistants spécialisés du PNF, d'après cette source judiciaire.

Sollicitée par l'AFP, la Société Générale s'est refusée à tout commentaire.

- Pratique CumCum -

Société Générale compte près de 115.000 salariés dans le monde, selon son dernier document d'enregistrement universel, dont 1.450 au Luxembourg et environ 53.000 en France.

Le Luxembourg est un pays particulièrement rentable pour la banque: elle y réalisait l'an dernier un produit net bancaire (équivalent du chiffre d'affaires pour le secteur) de près de 1,1 milliard d'euros, pour 765 millions d'euros de bénéfices avant impôts.

La Société Générale avait déjà fait l'objet en mars 2023 d'une perquisition du PNF dans le cadre des enquêtes ouvertes au sujet du mécanisme d'évasion fiscale sur les dividendes CumCum.

BNP Paribas, sa filiale Exane, Natixis et HSBC étaient alors également concernés.

La pratique dite CumCum, dans le jargon financier, consiste à échapper à l'imposition sur les dividendes dont doivent en principe s'acquitter les détenteurs étrangers d'actions d'entreprises françaises cotées.

Pour profiter de la combine, ces propriétaires d'actions (petits épargnants ou grands fonds d'investissements) confient leurs titres à une banque au moment de la collecte de la taxe, échappant ainsi à l'imposition.

Les banques auraient joué un rôle d'intermédiaire, tout en prélevant une commission aux détenteurs d'actions.

D'autres grandes banques ont déjà été épinglées dans des affaires liées à des soupçons de fraude fiscale.

En 2019, UBS AG, la maison-mère du géant bancaire suisse, a été condamnée en France à une amende record de 3,7 milliards d'euros, plus 800 millions de dommages et intérêts, pour avoir mis en place un "système" visant à "faciliter" la fraude fiscale de riches contribuables français entre 2004 et 2012.

En appel en 2021, après une évolution de jurisprudence, la sanction a été réduite à un total d'1,8 milliard d'euros.

Et en 2023, la Cour de cassation a définitivement confirmé la culpabilité de la banque, mais elle a annulé les peines et les dommages et intérêts, ordonnant un nouveau procès pour les réexaminer.

D'autres banques, comme Crédit Suisse ou une filiale suisse de la banque britannique HSBC, ont été condamnées aux Etats-Unis pour des faits comparables.

© 2025 AFP-Paris (AFP)

» Toutes Actualités