09/05/2025 20:04
Pékin et Washington sur le point de se parler, Trump suggère d'abaisser ses droits de douane

Le président américain Donald trump à la Maison Blanche, le 8 mai 2025 à Washington
Le président américain Donald Trump a semblé faire un pas vers Pékin vendredi en suggérant de baisser à 80% les droits de douane punitifs qu'il a lui même imposés sur les produits chinois, à la veille de négociations très attendues en Suisse.
"80% de droits de douane sur la Chine semble le bon niveau! Cela dépend de Scott B.", a écrit sur son réseau Truth Social le président américain, faisant référence à celui qui mènera les négociations pour Washington, son ministre des Finances Scott Bessent.
Donald Trump "ne va pas unilatéralement laisser les droits de douane sur la Chine. On doit aussi voir des concessions de leur part", a précisé plus tard sa porte-parole Karoline Leavitt.
Après des semaines d'escalade entre les deux pays, le secrétaire au Trésor (le titre officiel de Scott Bessent) et le représentant au Commerce Jamieson Greer doivent rencontrer le vice-Premier ministre chinois He Lifeng ce week-end à Genève.
Le lieu précis de la rencontre reste inconnu.
"Hier (jeudi), le Saint-Esprit était à Rome. Il faut espérer qu'il descende maintenant à Genève pour le week-end", a lancé vendredi la présidente suisse, Karin Keller-Sutter, en référence à l'élection du pape Léon XIV.
Depuis son retour à la Maison Blanche en janvier, Donald Trump a imposé au total une surtaxe de 145% sur les marchandises en provenance de Chine, qui s'additionne aux droits de douane préexistants.
Pékin a riposté en imposant 125% de droits de douane sur les produits américains.
Résultat: les échanges bilatéraux sont pratiquement à l'arrêt.
Pour le ministre suisse de l'Economie Guy Parmelin, c'est déjà "un succès" que "les deux parties se parlent".
"On peut imaginer une suspension, par exemple, des droits de douane réciproques pendant la durée des discussions. (...) Une telle décision hypothétique serait positive pour le monde entier", a-t-il déclaré vendredi à la presse.
Les discussions prévues à Genève sont "un pas positif et constructif vers la désescalade", a estimé de son côté la directrice générale de l'OMC Ngozi Okonjo-Iweala.
- Toujours "trop haut" -

Le vice-Premier ministre chinois He Lifeng lors d'une réunion bilatérale entre la Chine et la Suisse à Genève, le 9 mai 2025
Les droits de douane sont tels qu'"aucune partie ne peut se permettre que cela se prolonge", a déclaré à Shanghai Xu Bin, professeur d'économie à l'école de commerce international Chine Europe (CEIBS).
"Les deux pays ont toutefois montré que, sans concession de l'autre bord, ils n'étaient pas prêts à faire le premier pas", a ajouté l'économiste.
Sur le plan "pratique", cela coince aussi, selon Bill Reinsch, expert du Center for Strategic and International Studies.
Donald Trump veut rencontrer son homologue Xi Jinping, "trouver un accord avec lui, et qu'ensuite leurs subordonnés règlent les détails", décrit-il à l'AFP alors que les Chinois "veulent que tous les sujets soient réglés avant une réunion" des deux présidents.
Le professeur Xu Bin ne s'attend pas à ce que les droits de douane reviennent à un "niveau raisonnable": "Même si cela descend, ce sera probablement de moitié, et, là encore, ce sera trop haut pour avoir des échanges commerciaux normaux."
- La quête des "deals" -
La Suisse a profité de son rôle d'hôte pour s'entretenir vendredi avec les responsables américains, alors que Washington a menacé d'imposer une surtaxe de 31% sur ses produits.

(g-d) Photo diffusée par le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) montrant le représentant américain au commerce Jamieson Greer, le secrétaire américain au Trésor, Scott Bessent, la présidente de la Confédération suisse Karin Keller-Sutter et le ministre suisse de l'économie Guy Parmelin avant une réunion bilatérale à Genève, le 9 mai 2025
La présidente suisse a rapporté à l'issue que les deux parties étaient "d'accord" pour accélérer les discussions.
Depuis son investiture en janvier, le président républicain a lancé une offensive protectionniste tous azimuts: nouveaux droits de douane sectoriels (+25% sur l'acier, l'aluminium, l'automobile), droits de douane universels (+10% sur la plupart des produits entrant aux Etats-Unis, quelle que soit leur provenance), d'autres en gestation.
Des taxes encore plus lourdes étaient prévues pour punir les partenaires qui exportent plus vers les Etats-Unis que l'inverse.
Donald Trump les a suspendues - sauf pour la Chine, donc - jusque début juillet pour donner selon lui une chance aux négociations.
Jeudi, le président a annoncé un premier accord avec Londres, qui n'était pas visée par les surtaxes punitives.
Le document, présenté comme "historique" des deux côtés, fait cinq pages. Il y est spécifié qu'il n'est "pas légalement contraignant".
Il doit permettre au Royaume-Uni d'échapper au gros des surtaxes américaines sur ses voitures et d'ouvrir davantage le marché britannique aux produits agricoles américains.
De nouvelles négociations doivent désormais s'ouvrir entre Londres et Washington pour formaliser leurs engagements respectifs, mais les droits de douane américains sur les produits britanniques restent pour le moment en place, a précisé un porte-parole du gouvernement britannique.
© 2025 AFP-Washington (AFP)